vendredi 15 avril 2016

THERESE CLERC by CAROLALUNE

Merci à toi Thérèse Clerc, signé Carolalune

















Comme beaucoup de femmes, j'ai été très touchée par la mort de Thérèse Clerc l'une des figures du militantisme féminin, survenue le 16 février 2016.

Quelques semaines plus tard, je découvre sur un mur de Montreuil un magnifique pochoir avec la mention "Merci à toi Thérèse Clerc", signé Carolalune.

Ni une, ni deux, je fais des recherches et je rentre en contact avec l'artiste peintre qui m'invite à lui rendre visite à son atelier à Montreuil.

Je découvre une artiste engagée dans de nombreux projets solidaires et qui voue une profonde admiration pour cette femme qui s'est battue toute sa vie et a mené un combat pour le droit des femmes de la naissance à la vieillesse.

Carolalune entreprend depuis plusieurs mois une série de portraits au pochoir de figures emblématiques tels que Simone Weil, Pierre Rahbi, Thérèse Clerc... dans le cadre d'un nouveau projet de collages en hommage à des personnages vivants qu'elle affectionne tout particulièrement.

C'est d'ailleurs en pleine découpe du portrait de la célèbre militante féministe et fondatrice de la Maison des Babayagas, que Carolalune apprend la mort de Thérèse Clerc, le 16 février 2016.

Elle décide alors de lui rendre hommage et descend coller trois portraits sur les murs de Montreuil. L'un près du métro Robespierre et les deux autres autour de la Maison des Babayagas


















Thérèse Clerc c'est un parcours atypique qui commence par une naissance en 1927 dans une famille française de la petite bourgeoisie, catholique et conservatrice.

Cependant, elle n'aura de cesse de prendre des sentiers parallèles et de découvrir très jeune, la solidarité dans le milieu des ouvriers communistes qui prenaient en charge des orphelins espagnols. Elle côtoiera les prêtres ouvriers et sera initiée au marxisme, une adolescence entre la Bible et Karl Marx ce n'est pas commun !

Elle se marie à 20 ans et aura quatre enfants qu'elle élève dans le quartier de Ménilmontant.

Puis vint la révolution de mai 68 qui fût un véritable déclic pour cette femme rangée, mal mariée comme elle le disait, qui s'ennuyait dans le mariage. Seuls ses enfants lui apportaient du bonheur.

Elle reprend sa liberté, divorce et assume une vie indépendante avec des petits boulots et un immense sentiment de vivre pleinement sa vie.
Son appartement devient un carrefour d'échange au milieu de ses quatre enfants.

Elle est de tous les combats féministes de l'époque.. Elle devient membre du MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception).

Elle s'installe à Montreuil en 1974 où elle crée son havre de paix. Elle devient une citoyenne très active.

Son nom reste attaché à la Maison des Babayagas nom issu des contes russes, donné à un personnage féminin au multiple facettes allant de la divinité chasseresse à la sorcière, donatrice, protectrice.
Elle est en effet la fondatrice de cette maison de retraite pour femmes indépendantes et solidaires et autogérée, inaugurée en février 2013 après de longues années de négociations et de lutte contre les obstacles institutionnels.
Photo Olivier Ciappa mai 2014 Place de la République Paris
Thérèse Clerc et Monique Isselé. Femmes activistes

Elle accueille actuellement une vingtaine de résidentes de 60 à 80 ans logées dans des studios individuels et décidées à vieillir ensemble en toute liberté.

" La vieillesse n'est pas une pathologie, c'est l'âge de la grande liberté. La plus belle vertu des vieux, c'est l'authenticité". Thérèse Clerc

Après la mort de sa mère en 1995, Thérèse Clerc s'investit dans un projet de maison de retraite pour femmes autogérée, solidaire, citoyenne et écologique. La réponse fût rapide et un noyau de femmes intéressées par son initiative la rejoigne pour créer la Maison des Babayagas.

En parallèle, elle créé en 2000, l'Association « La Maison des Femmes de Montreuil » rebaptisée en janvier 2016 en sa présence « La Maison des Femmes Thérèse Clerc » située rue de l'Eglise et destinée aux femmes victimes de violences, en insertion ou en réinsertion. Le but est d'offrir à ces femmes un lieu ressource pour les accompagner vers leur autonomie, de leur permettre de devenir actrices de leur propre vie et de trouver leur place dans l'espace social.















Toujours très active, Thérèse Clerc entourée de ses Babayagas crée en octobre 2014, au sein de leur maison, l'université UNISAVIE, l'UNIversité du SAvoir du VIEillir. Comme un écho de l'université populaire, ouverte à tous du temps de la Fac de Vincennes dans les années 70 !

Elle soutient la cause du Mariage pour tous et participe en 2014 au projet photographique de Olivier Ciappa, intitulé « Les Couples imaginaires ». Elle pose avec sa complice Monique Isselé. Les photos seront exposées place de la République en mai 2014. Ce sera l'occasion pour nombre d'entre nous de la rencontrer avec son ami photographe.


















Cette exposition met en scène des couples réels ou imaginaires sans distinction d'âge, de sexe, de couleur de peau et d'orientation sexuelle. Elle est porteuse d'un message d'espoir, de tolérance et d'ouverture en réponse au mouvement « La Manif pour tous » réunissant les opposants au mariage homosexuel.


















Photo Olivier Ciappa mai 2014 Place de la République Paris
Thérèse Clerc et Monique Isselé. Femmes activistes
Pilliers de la lutte pour l'avortement, le droit des femmes et la libération sexuelle.


Elle s'éteindra paisiblement entourée des siens le 16 février 2016 à Montreuil, suite à un cancer.

Thérèse Clerc avec son charisme et sa combativité, partie intégrante de cette avant-garde qui nous éclaire encore dans nos luttes actuelles nous incitant à la vigilance et surtout à ne rien lâcher, en écho à sa détermination légendaire.


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